Abstract
F. J. W. Schelling a la réputation d'être l'idéaliste qui a le plus assigné de limites à l'idéalisme allemand. La «dernière philosophie» de Schelling, dont il est en grande partie question ici, contournerait l'interdit que Kant avait jeté sur l'intuition intellectuelle, d'une manière différente de ce qu'il est convenu d'appeler sa «première philosophie». Schelling poursuivrait un projet que Walter Schulz qualifie d'«achèvement de l'idéalisme allemand». Mais en quoi consiste cet achèvement? Si le programme ultime de ce philosophe conduit à de tels confins, selon l'auteure M.-C. Challiol-Gillet, c'est dû à la reconnaissance de la structure extatique à la fois de la conscience humaine et de l'être divin. Les transformations philosophiques constantes chez Schelling n'excluraient pas une «profonde cohérence» qui a trait à l'«exigence d'un commencement scientifique de la philosophie positive». Aborder la philosophie de la dernière période, c'est admettre, en outre, l'existence de deux visages dans le projet philosophique schellingien, le négatif et le positif. L'ouvrage a pour tâche propre de les rendre observables, non seulement à partir des Leçons de Munich qui les avaient thématisés, mais depuis les premiers écrits où surgit la philosophie de l'identité. Si la philosophie «négative» est traditionnellement associée à cette dernière, on constate qu'elle a trait à ce qu'il reste de métaphysique classique dans la pensée de Schelling, tandis que la philosophie «positive» touche l'extériorisation de la raison, le passage à la considération de l'existence. Entre Munich et Berlin, endroits où le philosophe a enseigné durant la troisième période de son œuvre, l'«exigence positive» est établie comme celle d'un absolu qui se verse dans la différence, qui se met à «exister», qui se «potentialise», pour ainsi dire. S'agit-il d'une rupture entre le négatif et le positif? La raison qui s'«extasie» est davantage une première critique radicale du visage philosophique précédent.