Comment l’esprit vient aux bêtes. Essai sur la représentation [Book Review]

Dialogue 40 (1):210- (2001)
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Abstract

Proust prend donc le chemin de l’«esprit représentation». À la suite de la discussion du débat entre Montaigne et Descartes au sujet de la pensée chez les animaux, elle met au jour deux dimensions de ce que l’on appelle traditionnellement la «pensée», soit la capacité complexe à gérer des informations et la capacité à former des représentations internes. Comme l’a montré Searle dans le célèbre exemple de la chambre chinoise, la manipulation de représentations n’est pas une condition suffisante pour la pensée. C’est plutôt la capacité de former des représentations possédant une intentionnalité intrinsèque sur laquelle il faudra se pencher si on veut trouver la marque minimale du mental. Après avoir critiqué les positions respectives de Searle, qui maintient que la conscience sous la forme de l’aspectualité est nécessaire au caractère intrinsèque des représentations, et de Dennett, pour qui il n’y a d’intentionnalité que dérivée, Proust considère les arguments de ceux qui croient que l’intentionnalité ne constitue pas un objet d’étude de bon aloi. Elle s’intéresse principalement à la position de Davidson pour qui la normativité inhérente à l’attribution d’attitudes propositionnelles pose un frein à la tentative de naturalisation de l’intentionnalité. Mais, selon elle, la conception de Davidson de la rationalité à l’œuvre dans l’attribution est trop forte: une conception qui ne poserait que l’existence de liens nomiques entre les représentations et la réalité est suffisante à l’interprétation. D’autre part, la théorie davidsonnienne pose que le mental est co-extensif à l’ensemble des attitudes propositionnelles. Cette hypothèse empêche, toujours selon Proust, de comprendre les conditions plus générales de la représentation dont le langage n’est qu’un cas. Elle est donc amenée à critiquer cette idée en montrant que le passage des contraintes portant sur la théorie de l’interprétation à l’ontologie des états mentaux n’est pas justifié. Ces deux critiques appellent le dépassement des pratiques interprétatives fondées sur la psychologie ordinaire et l’établissement d’une méthode d’interprétation scientifique des états mentaux.

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Luc Faucher
Université du Québec à Montreal

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