Abstract
Cet article restitue le mouvement décolonial à sa lignée améfricaine et féministe. Prenant pour point de départ les contestations que soulèvent les célébrations des 500 ans de l’arrivée de Colomb en Abya Yala, le féminisme décolonial prend racine dans une critique anti-impérialiste des institutions internationales, mais il est aussi une dénonciation des impasses des pensées décoloniales qui négligent la « colonialité du genre ». S’appuyant sur les travaux de María Lugones, l’article montre comment la binarité de genre et l’hétérosexualité obligatoire fonctionnent comme des technologies coloniales/racialisantes, et comment la lutte anti-capitaliste pour la justice sociale ne peut faire l’économie d’une critique intersectionnelle des oppressions.