Abstract
L’objet de cet article consiste à interroger le traitement que subit le concept de « représentation » dans cette phase cruciale de la modernité que constituent l’idéalisme fichtéen et sa réception romantique, en particulier dans le travail de Novalis. La crise que subit la représentation chez Fichte va de pair avec la promotion d’un type de réflexivité inédit, dont Novalis hérite tout en en décalant, par un jeu de miroir déformant, les conséquences méthodologiques voulues par son maître. Le biais proposé consiste en une lecture suivie de Die Lehrlinge zu Saïs, le « roman de la nature » de Novalis. On verra comment, investiguant l’espace, le Disciple s’éduque à la représentation, c’est-à-dire à l’image et à son intransitivité essentielle, à laquelle le langage lui-même le conduit, sans que la réflexivité de l’apprentissage ne soit sacrifiée un seul instant. Le but est de montrer de quelle manière la philosophie transcendantale, pour Novalis, loin de se muer en un irrationalisme complaisant, doit, pour faire valoir sa « scientificité », thématiser pour lui-même l’acte singulier de son invention.