Abstract
Le problème métaphysique central en philosophie de l’esprit concerne la relation entre l’esprit et le corps des agents. Quand on tente d’expliquer, par exemple, le rapport entre les pensées et les actions humaines, on est alors immédiatement confronté avec la difficulté, apparemment insurmontable, d’expliquer la causalité mentale. On doit répondre à la question : nos états de pensée causent-ils effectivement ce que l’on fait? Bien sûr, nos croyances, nos intentions et nos désirs sont à la base de notre comportement, dira le sens commun et une longue tradition philosophique. Cependant, certains philosophes ont récemment manifesté des doutes à propos du rôle réel de nos pensées sur nos actions. Pour contrer ce scepticisme, il nous faut expliquer comment des états de pensée peuvent exercer leur rôle causal dans un monde fondamentalement physique. Je vais donner ici les raisons pour lesquelles je crois que les états de pensée sont indispensables à l’explication complète de nos actions. Pour ce faire, je procéderai à une analyse approfondie de la relation entre la causalité mentale ou intentionnelle et la causalité physique. Je mettrai en perspective deux approches importantes sur la causalité mentale : celle de John Searle, qui défend la réalité des états mentaux et semble résister au réductionnisme, et celle de Jaegwon Kim, qui montre le péril auquel l’approche de Searle est exposée : la surdétermination causale! Selon Searle, le mental est un trait du monde physique . Aux yeux de Kim cette stratification en niveaux n’apporte aucune solution au problème de la causalité mentale. Kim a-t-il raison?