Abstract
Le sacrifice, tel qu'il se présente dans le culte catholique, culmine lors de la consécration dans les paroles : „Ceci est mon corps”, „Ceci est le calice de mon sang”. Ce fait religieux peut être vécu de plusieurs manières différentes. Nous tentons de distinguer dans le sacrifice catholique trois expériences spécifiques. Dans l'expérience mythique des paroles de la consécration l'initié retrouve, en la figure exemplaire de Jésus, la force indicible du sacrifice originel. En ré-actualisant ainsi le passé, il éprouve une couche unifiante dans la réalité. L'expérience théologique se distingue en ce qu'elle perçoit dans le moment présent et derrière la réalité sensible une dimension céleste. L'homme théologique vit le sacrifice devant la majesté éternelle de la présence divine. Cette profondeur mystique imprègne en tant que principe ordonnant - en tant que „loi” - l'entiereté du domaine anthropologique. L'expérience kérygmatique est caractérisée par la prise de conscience d'un message. Le sacrifice de Jésus instaure pour l'homme l'obligation de plus en plus impérieuse de s'ouvrir à l'intervention divine dans toutes les situations quotidiennes. L'ouverture intégrale à Dieu, l'accomplissement du sacrifice dans l'entière réalité donnent naissance à une vision eschatologique et à un critère de jugement de l'homme. Partis de telles expériences vécues de la consécration, nous rencontrons plusieures notions spontanément formulées : force unifiante, principe ordonnant, critère eschatologique. Nous basant sur le principe de la raison suffisante, nous voulons trouver à ces différentes notions issues de l'expérience une base commune. Toutes se réfèrent au réalisme du sacrifice, à l'indéniabilité d'une essence plus profonde à partir de laquelle surgiraient toutes les expressions sacrificielles. Nous posons l'hypothèse d'un espace : non pas besoin subjectivement humain, mais réalité qui embrasse sujet et objet et qui s'exprime, chaque fois partiellement, dans la pluralité des expériences