Abstract
Benjamin Décarie-Daigneault Le présent article se penche sur une préoccupation commune au transcendantalisme husserlien et à la phénoménologie « existentielle » de Merleau-Ponty : la mise au jour des fondements de l’expérience du monde. Par sa méthode « archéologique », Husserl met en lumière, dans les Méditations cartésiennes, les différentes strates de sens qui sous-tendent le phénomène du monde concret. Si cette description a pour point de départ l’ego philosophant qui thématise sa propre expérience, elle a pour point d’arrivée l’ego transcendantal qui se révèle être le foyer ultime qui possibilise et sous-tend le monde dans son être-tel. Loin de s’opposer radicalement à cette thèse, Merleau-Ponty reste fidèle à Husserl en acceptant que le monde n’a de sens que pour autant qu’il se donne à une conscience, mais il considère qu’il est possible pour la philosophie d’atteindre la strate de l’expérience du monde qui précède l’acquisition de son sens. Notre article soutient que cette quête d’une primordialité préobjective est fondée dans l’interprétation merleau-pontienne de certains textes tardifs de Husserl.