Abstract
Deux lignes caractérisent l’exégèse médiévale de la Bible : elle s’inscrit dans une tradition de réception de la Parole divine, elle considère sa lecture comme un progrès infini. Les Pères représentent le fondement de cette tradition exégétique. Peut-être plus, même : ayant aussi bénéficié de l’inspiration, ils font partie eux-mêmes d’une Écriture sacrée, qui dépasse le canon des textes bibliques. On étudie donc ici, notamment à travers un texte d’Henri de Gand, cette notion des Pères comme sacra Scriptura. Puis on note que certains ouvrages ont joué un rôle déterminant – aux Pères s’ajoutent des auteurs du haut Moyen Âge et même du xii e siècle. L’une des manifestations les plus claires de cette présence est le commentaire anthologique, qui fleurit dans le haut Moyen Âge, mais se poursuit au moins jusqu’à la Catena aurea de Thomas d’Aquin. L’utilisation des Pères est multiple : on ne craint pas d’opposer leurs vues, notamment dans la questio, on recherche aussi dans leurs œuvres des traces des traductions anté-hiéronymiennes.