Abstract
Andrée-Anne Cormier | : Cet article explore la question des implications de l’exclusion des animaux de la catégorie des sujets de justice dans le cadre du libéralisme politique de John Rawls. Plus spécifiquement, j’examine et critique les lectures de Ruth Abbey et de Robert Garner. Abbey suggère que le libéralisme politique est incompatible avec la thèse selon laquelle nous avons des devoirs moraux universels envers les animaux. Garner, pour sa part, avance que la théorie de Rawls n’autorise pas l’État libéral à adopter des mesures de protection des animaux. Dans cet article, je démontre que ces lectures sont erronées, car elles sont fondées sur des interprétations du libéralisme politique qui ne sont pas plausibles. Je soutiens, d’une part, que le libéralisme politique est neutre eu égard à la question de la nature de nos devoirs moraux envers les animaux et, d’autre part, qu’il permet de justifier une gamme considérable d’interventions étatiques visant la protection des animaux. Je suggère donc que la tension entre le libéralisme politique et l’éthique animale est moins forte que ne l’affirment ces auteurs. Enfin, j’identifie des stratégies possibles, cohérentes avec le cadre théorique rawlsien, pour élargir la sphère des sujets de justice de manière à y intégrer les animaux. | : What are the implications of John Rawls’s Political Liberalism for animal ethics? In this paper, I examine Ruth Abbey’s and Robert Garner’s answers to this question. Abbey claims that Political Liberalism is incompatible with the view that there exist universal moral duties toward animals. Garner contends that Rawls’s theory cannot justify state interventions designed to protect animals. I show that these readings are based on implausible interpretations of Rawls’s theory. I argue, on the one hand, that Political Liberalism is neutral with respect to the question of the nature of our moral duties toward animals and, on the other hand, that the theory can potentially justify a significant range of state interventions in the interest of animals. This indicates that the tension between Rawls’s theory and animal ethics is less sharp than Abbey and Garner suggest. Finally, I identify possible strategies, consistent with the Rawlsian framework, for including animals among the subjects of justice.