Abstract
Le Procès de Kafka est généralement interprété comme une œuvre mettant en scène une victime du système bureaucratique autoritaire : Joseph K., innocent, est condamné à tort par un jugement hâtif, par un semblant de justice, par la faute d’avocats incompétents ou d’une calomnie injustifiée. Personne ne semble remettre en question l’innocence de Joseph K. Et si le procès de Joseph K. n’était pas une procédure infligée à un innocent, mais une occasion pour un coupable se racheter? C’est ce que K. ne verra pas. Si l’innocence n’est qu’une fausse question durant le déroulement du Procès, nous sommes alors contraints d’interroger le rapport entre le coupable et sa faute, entre la peine et son châtiment, pour le dire encore autrement : entre l’individu et la loi. Au regard du droit hébraïque, nous verrons que la question que soulève le Procès n’est pas celle de l’injustice, mais celle de la culpabilité.