Abstract
Les documents officiels de l’Eglise catholique font grand usage de la Bible. La manière dont le texte scripturaire fonctionne dans les documents du magistère dépend de la théologie opératoire sous-jacente. Cet article examine les changements survenus dans la manière dont l’Eglise comprend et utilise l’Ecriture dans les documents du magistère, plus précisément dans des textes concernant la doctrine sociale de l’Église. Des exemples choisis dans les documents officiels permettent de reconnaître en gros trois paradigmes dans l’interprétation de l’Ecriture: 1) la Bible comme recueil de propositions doctrinales; 2) la Bible comme archives des actions salvifiques de Dieu dans l’histoire: 3) la Bible comme vision d’une communion plénière avec Dieu et le prochain. Les deux derniers paradigmes se trouvent en germe dans le document Dei Verbum de Vatican II, tandis que le premier, qui avait été dominant dans les documents antérieurs à ce concile, a fait sa réapparition après la période de Vatican II. On montre que la compréhension de la Bible comme collection de propositions doctrinales accorde peu d’attention aux contextes historique et littéraire, tandis que les deux autres modèles s’y montrent plus sensibles, mettant l’accent sur la transformation et la communion plutôt que sur l’information