Clio 56:251-268 (
2022)
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Abstract
De la liaison de Charles VII et Agnès Sorel naissent quatre filles, dont trois atteignent l’âge adulte. L’une d’elles, Marie, épouse Olivier de Coëtivy, conseiller de Charles VII. Le couple et trois de leurs enfants ont laissé de nombreux manuscrits richement enluminés, témoins de leur bibliophilie mais aussi du regard porté sur la bâtardise de Marie de Valois par chaque membre de la famille. On découvre à travers les images de ces livres que l’identité bâtarde, dans les milieux de la haute aristocratie et de la royauté, est davantage un honneur qu’un stigmate, comme cela a déjà été démontré, mais plus encore : elle peut faire l’objet d’une commémoration et d’une célébration au-delà de la génération bâtarde, comme c’est le cas dans la Légende dorée de Catherine de Coëtivy et de son mari, dont il sera amplement question. Cet article propose de prolonger la réflexion sur la bâtardise aristocratique selon deux perspectives peu traitées : celle du genre, à travers un exemple de bâtardise féminine et les dynamiques conjugales, et celle de la « mémoire bâtarde » aux générations ultérieures.