Clio 47:45-66 (
2018)
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Abstract
Cet article pose la question de savoir dans quelle mesure les émotions ont été un élément de construction du genre par les théologiens médiévaux. Il montre dans un premier temps que la sensibilité, bien que régulièrement associée au féminin, n’a pas constitué un élément important de distinction des sexes avant le xiiie siècle. Le motif de la sensibilité féminine a même pu être utilisé au service d’une lecture égalitaire de certains passages bibliques en plaçant le féminin dans l’humain. Dans un second temps, nous étudions une émotion particulière, la verecundia, souvent associée au voile et, par-là, aux femmes. C’est l’occasion de montrer comment une “émotion” régulièrement appliquée aux hommes, a pu être construite comme spécifiquement féminine en ce qu’elle exprime la réserve et la soumission attendue de la femme qui accepte la médiation masculine que signifie le voile, tout en lui ouvrant un chemin vers le salut et même vers la gloire. La verecundia apparaît ainsi pour les femmes comme un chemin vers la gloire à travers la honte qui se définit en vertu.