Abstract
Le simple risque génétique, à plus forte raison la maladie avérée, lorsqu’ils sont connus, perturbent profondément narcissisme et bases de la filiation construits depuis l’enfance, et compromettent les échafaudages nécessaires pour réaliser une famille et payer sa dette de vie. Le trouble touche personne et famille, chacun dans sa lignée, et à l’articulation des deux lignées dont naîtrait l’enfant. Le parent concerné par le risque doit négocier à plusieurs niveaux, qu’il faut relier les uns aux autres, pour conserver son intégrité psychique, décider de procréer et de garder l’enfant conçu. Son moi doit départager désirs personnels, satisfaction du conjoint, ordres du surmoi et finalement décider. S’il ne l’a déjà fait, informer le parent conjoint du risque, en admettre les effets, et en discuter s’impose. Le conjoint sera lui aussi confronté à un conflit entre désir d’enfant idéal et rejet de l’image de monstre associée à l’atteinte génétique. Chacun des deux, puis ensemble, doivent trouver le compromis satisfaisant avec famille et belle-famille. Personne et couple doivent négocier avec médecins réel et imaginaire, représentants d’une autorité sociale. Ce contexte à fort potentiel traumatique favorise les modalités défensives extrêmes chez tous les partenaires – passage à l’acte, déni, pensée opératoire –, qui compromettent la vitalité de l’édification et du maintien de la famille.