Abstract
Dans son ouvrage majeur, le Kuzari, Juda Hallévi déploie une critique précise de la philosophie, au profit de la révélation du Sinaï. Nous entendons montrer que cette critique est liée à la situation historique des Juifs qui suscite la rédaction du Kuzari (I), qu’elle s’adresse à un type assignable de philosophie (II) à laquelle elle substitue l’histoire (III). Ce faisant, il ne s’agit absolument pas pour Juda Hallévi de renoncer à toute exigence rationnelle, mais de la satisfaire en la resituant en son vrai lieu (IV). Cet examen permet d’éclairer, certes par le petit bout de la lorgnette, mais à travers une pensée qui occupe au Moyen Âge une position originale, une partie des enjeux qui traversent les rapports entre foi et raison dans la philosophie juive médiévale en terre d’Islam.