Abstract
Cet article explore l’expérience esthétique particulière que nous procurent les promenades sonores. En partant d’une étude d’un cas paradigmatique – les tournées audio Remote X du collectif Rimini Protokoll – et par le biais d’une réflexion sur la perception opérant à partir de Husserl et Merleau-Ponty, je m’intéresse en particulier aux renversements perceptifs qui émaillent le parcours déambulatoire du spectateur ainsi qu’au brouillage entre le réel et l’imaginaire, qu’il éprouve au niveau même de son inscription corporelle dans l’espace. Une telle approche mène à la conclusion que la notion de perception synesthésique offerte par Merleau-Ponty permet non seulement de dépasser le défi posé à la théorie husserlienne de l’imagination ( phantasia ) par l’expérience esthétique ici en question, mais aussi et, de surcroît, de penser le paradoxe d’une affinité du divers sensoriel qui affleure dans les performances contemporaines lorsque de multiples dispositifs médiatiques sont en jeu.