La question que nous allons aborder dans ce cours est la suivante : peut-on réduire une société une simple agrégation d’individus, ou est-elle plus que cela ? Cette question introduit le débat qui oppose, en sciences sociales, les tenants de l’individualisme à ceux du holisme. En première approximation, les individualistes sociaux pensent qu’une société n’est rien de plus qu’une somme ou une agrégation d’individus. Les holistes sociaux pensent au contraire qu’une société n’est pas réductible à une simple agrégation d’individus. C’est (...) là une question fondamentale aussi bien pour les sociologues que pour les philosophes. Mais en tant que futurs ingénieurs, vous vous dites peut-être que cela ne va pas vous empêcher de dormir. Pour vous convaincre qu’il y a là certaines raisons sinon de faire des nuits blanches, du moins d’avoir quelques discussions animées, nous allons rapprocher cette question, que l’on traitera dans la première partie du cours, de deux autres dont l’enjeu vous semblera certainement plus immédiat. Nous les traiterons respectivement dans les deuxième et troisième parties du cours. (shrink)

La présente étude se propose d’examiner les liens entre Heidegger et la philosophie médiévale allemande en dehors du binôme bien connu Heidegger – Maître Eckhart. L’opposition que le jeune Heidegger introduit entre le temps continu des sciences de la nature et le temps discontinu propre à l’esprit humain dans son histoire rappelle en effet certains traits fondamentaux de la théorie du temps développée par le dominicain allemand Dietrich de Freiberg. L’hypothèse d’un lien de filiation entre Heidegger et Dietrich est d’une (...) part suggérée par leur refus commun d’une vision « naturaliste » ou « psychologique » du temps, refus qui traduit en effet l’ancrage du temps dans le mode d’être particulier de l’existence humaine. D’autre part, la conception dietrichienne du rapport de fondation circulaire entre l’intellect humain et l’intellect divin apparaît également comme modèle pour la conception, chez le Heidegger moyen et tardif, du « fond-sans-fond » abyssal entre l’événement de l’Être ( Ereignis) et le Dasein. (shrink)

Qu'est-ce qu'un individu? Tentative de réponse grâce aux apports de la métaphysique, de la philosophie du langage, de la philosophie des sciences du vivant, de la philosophie des sciences cognitives, de la philosophie politique et de la philosophie des sciences sociales.

Dans la biologie d'Aristote, on voit volontiers, après Balme, une biologie sans espèces, la reproduction apparaissant alors comme une transmission de ressemblances individuelles. La prise en compte des diverses références à la ressemblance dans la théorie de la génération, montre cependant que pour Aristote, il existe des types; s'il y a plus d'une façon de garantir la perpétuation de ceuxci, la place des ressemblances individuelles est en tous cas mineure. It is now often thought with Balme that Aristotle's zoology is (...) a zoology without species, in which reproduction is but the transmission of individual resemblances. If one takes into account all the references to individual, sexual and specific resemblances in the theory of generation, one can see that, according to Aristotle, types exist; there is more than one way of perpetuating a type, but individual resemblances always remain a question of minor interest. (shrink)

L’article traite de la relation entre l’homme et la loi chez Spinoza. Une première partie porte sur la question de savoir si l’individu doit toujours observer les lois. Dans la seconde, sous la conduite du Traité politique, nous passons à une perspective collective et on analyse la pensée de Spinoza sur la puissance de la multitude face aux lois. À la fin, on tire quelques conclusions pour la vie d’aujourd’hui.

La culture moderne n'en a jamais fini de dissiper le mystère qu'elle constitue pour elle-même. Deux schémas principaux inspirent aujourd'hui cette autoréflexion de la modernité. Dans la mouvance de Heidegger, les Temps modernes assurent le règne sans partage du sujet au sein d'un univers réduit à être objet de maîtrise et de possession. Selon une inspiration tocquevillienne comme celle, en particulier, de Louis Dumont, c'est l'individualisme qui, rompant avec la domination traditionnelle du collectif, sert de fil conducteur omni-interprétatif. Ces lectures (...) ont pour point commun de rendre la modernité homogène, assimilée au 'tout-sujet' ou au 'tout-individu'. Et surtout, elles occultent la césure qui brise l'histoire du sujet moderne en infléchissant l'humanisme vers l'une de ses figures possible, problématique et évanouissante - l'individualisme. L'archéologie de cet énigmatique déplacement conduit Alain Renaut jusqu'à Leibniz. Là s'est décidée une profonde mutation - l'affirmation de l'individualité devient soudain compatible, au prix d'un dispositif intellectuel inédit, avec celle d'une rationalité du réel. Une culture de l'indépendance où chaque être, ne se souciant que d'accomplir sa nature, contribue à manifester l'ordre du monde, se greffe sur la valorisation de la raison. Ainsi débarrassée des fausses linéarités, la logique de la modernité apparaît sous un jour neuf - loin d'avoir sans cesse consolidé le pouvoir de la subjectivité, elle a été aussi le lieu de son éclipse... (shrink)

C’est en tant que catégorie de l’entendement que Durkheim aborde le temps. Restituer son approche du temps ainsi que celle de ses disciples, en particulier Henri Hubert, conduit à interroger les fondements de sa sociologie de la connaissance. Le sociomorphisme, dynamique structurante des représentations collectives, constitue la principale intuition de la sociologie durkheimienne de la connaissance. Après avoir rendu compte des acceptions multiples de ce concept, nous montrerons qu’il est inopérant pour une partie importante des catégories dont Durkheim prétend expliquer (...) la genèse, en particulier celle du temps. Cette investigation de la pensée du fondateur conduira ainsi à une remise en cause de sa pertinence globale. L’instabilité conceptuelle de la notion de représentations collectives, la dualité du psychisme humain ainsi que le rôle prépondérant accordé par Durkheim à l’effervescence sociale dans sa théorie du sacré constitueront les lieux de convergence critique de cet article.Time is approached by Durkheim as a category of understanding. Reconstructing this approach, like that of his disciples, in particular Henri Hubert, results in questioning the bases of his sociology of knowledge. Sociomorphism, as a structuring dynamics of collective representations, constitutes the main intuition of Durkheim’s sociology of knowledge. After outlining the various meanings of this concept, we show that it proves ineffectual for an important part of the categories whose genesis Durkheim claims to explain – in particular that of time. This investigation of Durkheim’s thought leads to a general questioning of its relevance. The conceptual instability of collective representations, the duality of human psyche, as well as the leading role Durkheim attached to social effervescence in his thesis of the sacred, constitute the knot of critical convergence of this article. (shrink)

La Philosophie du Procès est une doctrine dynamique de l’individu. Chaque individu, chaque entité actuelle exprime l’Univers tout entier, mais chaque individu vit et existe en vue de l’expression de soi d’autres individus. L’accomplissement de l’entité actuelle en elle-même est la satisfaction; le mouvement d’objectivation de soi par lequel elle se transcende pour servir à la détermination et à l’accomplissement d’une autre est la décision.

La théorie de l'authenticité dans L'Être et le néant de Sartre aboutit à des apories. Dès les Cahiers pour une morale, pourtant, l'authenticité est traitée en tant que problème social impliquant une solution sociale. Cet article examine le passage de la première théorie à la deuxième, et explique la nouvelle théorie de l'authenticité qui en résulte.Sartre's early theory of authenticity is individualist and is vitiated by his theory of consciousness. From the Cahiers pour une morale onward, however, inauthenticity is a (...) social problem with a social solution. This paper examines the transition from the first theory of authenticity to the second, and the new theory of authenticity which results. (shrink)

生体仿自己生成過程，、﹒步步又﹒步、一步三位已提唱芒才、才一才可工又、多概念主、力二的『判斷力批判旁的起源是也令。力、、「二重作動可鍵概念仿導入主才一才工又仿環境二仿諸閔係旬強調主、才一卡才工又叮本性 是一明確』寸弋芒早已。 La notion d'autopoïèse, proposée par Humbert R. Maturana et Francisco J. Varela, comme processus par lequel le vivant se produit lui-même a ses racines dans la Critique de la faculté de juger de Kant. Mais il convient d'en préciser la nature en introduisant la notion clé de « double opération » et en insistant sur les rapports de l'autopoïèse avec l'environnement. The concept of « autopoiesis » as suggested by Humbert R. Maturana and Francisco J. Varela as a process (...) by which life occurs, has its roots in Kant's Criticism of Judgment. But it is advisable to specify its nature by introducing the key notion of a « double opération » and by insisting on the connections between autopoiesis and environment. (shrink)

À partir de certains écrits sur la médiation familiale, l’auteur propose une réflexion critique, destinée à mettre en évidence les limites d’une théorisation de cette pratique fondée sur la seule référence à la mythologie actuelle de l’individu souverain et autonome. En un premier temps, des métaphores récurrentes sous la plume des médiateurs familiaux sont analysées et rapportées à cette mythologie contemporaine. En un deuxième temps, l’auteur propose un cadre théorique susceptible de permettre de penser différemment la médiation familiale. Une (...) conception anthropologico-psychanalytique des liens de filiation et de parentalité est envisagée, comme pouvant fonder une pratique de la médiation familiale qui prendrait en compte la spécificité des liens familiaux. (shrink)

La question de la personne est le noeud de l'opposition entre les deux courants de la pensée libérale : les libéraux et les communautariens. Le présent essai tente de dépasser les termes rebattus du débat en reconsidérant la philosophie de John Rawls.