Abstract
Dans le sillage de la pensée rawlsienne, plusieurs défenseurs du « coopérativisme » soutiennent que l’étendue de la justice est strictement nationale et non mondiale. Dans cet article, nous défendons l’idée que la coopération internationale, malgré son caractère tantôt informel, tantôt imparfait, n’en est pas moins fondamentale, et qu’elle génère bel et bien une exigence égalitaire. Nous appuierons cette thèse par un examen attentif du rôle joué par le patrimoine cognitif mondial. Dans l’économie du savoir qui est la nôtre, ce qui fait la richesse d’une société est l’ensemble de ses savoir-faire, techniques productives, etc. Mais le savoir est un bien public mondial puisque son partage ne s’arrête pas aux frontières nationales. Ainsi, la simple possibilité de créer la moindre richesse – au niveau prétendument « national » – dépend d’entrée de jeu d’un produit coopératif mondial