Clio 14:119-153 (
2001)
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Abstract
L’ethnographie roumaine est connue pour l’intérêt soutenu qu’elle a porté à la thématique de la mort et à l’ample dispositif mythico-rituel destiné d’une part à écarter le mort individuel en « libérant son âme », de l’autre à ramener les morts ayant accédé au statut « d’ancêtre » par des repas de « commémoration ». Les femmes occupent une place centrale, à chacun de ces moments où elles préparent des nourritures et des offrandes pâtissières « pour les morts ». En s’attachant à suivre les modalités de la confection d’un gâteau de blé, la coliva, dont on dit qu’il est « le corps du mort », sa circulation, sa distribution et sa consommation, en s’arrêtant à d’autres tâches réservées elles aussi aux femmes comme la « préparation des tombes », l’article dessine en filigrane un parcours moins linéaire et moins univoque, fait apparaître des partages moins nets entre catégories – corps et âmes ; morts et vivants – et espaces : ici-bas et au-delà ; mémoire et oubli.