Abstract
Les Barbares intéressent-ils les philosophes? Dans les textes de Platon et d’Aristote, ils forment rarement un objet autonome de réflexion et c’est le plus souvent au détour d’une question anthropologique (la relation à l’autre), politique (la relation à l’ennemi) ou économique (la relation au serviteur) qu’ils sont mentionnés. Le recours dans ces divers contextes au concept de nature permet de mesurer les écarts entre les perspectives et les styles des deux penseurs. Pour Platon, si la nature peut à la rigueur marquer de son sceau l’antagonisme qui oppose les entités politiques, elle ne peut fixer entre les cultures et les races des différences et des hiérarchies stables, l’esclavage restant une nécessité de fait. Pour Aristote en revanche, les Barbares sont bien par nature les meilleurs candidats à la servitude et l’hégémonie grecque est le pendant légitime de leur infériorité morale et politique.