Abstract
L’article de Mauss, « Une catégorie de l’esprit humain : la notion de personne, celle de “moi” » est justement célèbre pour son rôle pionnier et l’énorme influence qu’il a eue sur la recherche ethnographique dans ce domaine. Mais compte tenu de sa date, 1938, il appelle aussi une lecture contextuelle qui permet de saisir comment son auteur articule pensée scientifique et engagement politico-moral, depuis une tradition durkheimienne de réflexion sur l’individu et l’individualisme, souvent plus riche qu’on ne le dit, mais aussi marquée d’un évolutionnisme que Mauss n’hésite pas à critiquer pour mieux réactualiser et enrichir ce qui reste valable dans l’héritage.The well-known pioneering article by Marcel Mauss, « A category of the human spirit : The notion of the person and ego », has enormously influenced research in ethnology. Given its date, a contextual reading is necessary to understand how Mauss articulated scientific thought with political and moral commitments drawn from a Durkheimian conception of individuals and individualism. The Durkheimian tradition, often richer than is recognized, bears the marks of an evolutionary approach that Mauss did not refrain from criticizing in an effort to update and enrich what is valid in this heritage