Abstract
À la suite des discussions sur la proximité à la « nature » des femmes et des populations minorisées, les posthumanismes féministes proposent de nouvelles conceptions évitant l’écueil de l’opposition entre vulnérabilité et résilience. Le concept de météorisation, notamment, rend compte de la « vulnérabilité insurgée » des corps aux phénomènes climatiques, entre analyse néomatérialiste de la transcorporéité et description phénoménologique de l’expérience vécue. S’appuyant sur l’idée d’un « climat total », et social et environnemental, il s’agit ainsi de politiser l’expérience vécue de la météo : le personnel est climatique. La notion de corps-météo, inscrite dans ce cadre théorique, permet de rendre compte de l’expérience matérielle et subjective du climat par les personnes autistes. Loin d’une forme de déconnexion, elle révèle plutôt des formes intenses de résilience, d’identification et de plaisir. Elle donne ainsi à voir une distribution différentielle de la (dés)acclimatation, c’est-à-dire du masking et de l’unmasking. Celle-ci doit conduire à éviter tout essentialisme et à générer, au contraire, une politique féministe tournée vers la matérialisation de climats plus favorables à tous·tes, à commencer par les personnes autistes les moins favorisées.