Abstract
Résumé Depuis la publication en français du Léviathan de Carl Schmitt, l’antisémitisme du juriste a constitué, en France, le cœur des débats autour de la pensée du théoricien du politique. Dans cet article, l’auteur tente d’approcher l’aversion du penseur catholique à l’égard du judaïsme en privilégiant un angle bien particulier. Partant des phénomènes bibliques et des thèmes religieux présents dans les écrits du penseur allemand, cet article cherche à évaluer l’intuition d’après laquelle il existerait une affinité intellectuelle entre Schmitt et Marcion ; intuition entendue çà et là, qui réclame un approfondissement spécifique. Pour ce faire, l’auteur formule l’hypothèse d’un « marcionisme théologico-politique » qu’il tente d’appliquer et de tester à travers l’entière trajectoire de l’œuvre de Schmitt. L’enjeu étant de savoir si, pour le juriste catholique, les implications théologiquement politiques du judaïsme seraient, oui ou non, radicalement incompatibles avec celles du christianisme.