Abstract
Levinas aborde les questions de la chose et de la possession surtout dans le Carnet 4 dans sa théorie du besoin comme dans ses ébauches de romans. On voit dans ses ébauches un attachement humain aux choses qui semble absurde. La philosophie a désapprouvé presque toujours un tel attachement au nom de la liberté et de l’autonomie humaines. Quant à Levinas, il refuse le concept classique du sujet et commence dans les Carnets l’élaboration du sujet charnel. C’est dans un camp de prisonniers qu’il développe sa théorie du besoin grâce à laquelle il crée la doctrine du sujet, qui n’est ni autosuffisance, ni le centre de lui-même. Son attitude principale envers le monde extérieur est de « manger ». Connaître et voir, c’est aussi « manger ». Dans ce contexte, les notions de l’il y a, d’intervalle et de lumière sont envisagées. Le sujet de la théorie du besoin transforme en « mangeant » l’extériorité en intériorité, et c’est pourquoi la solitude est son destin. Mais la théorie du besoin est suppléée dans les Carnets par la théorie de l’eros. Levinas écrit parfois l’eros, parfois l’amour. C’est dans sa théorie de l’amour qu’il parle du plaisir du plaisir de l’Autre et de la douleur de la douleur de l’Autre. On voit que dans une première ébauche de la philosophie lévinassienne Autrui est une personne aimée.