Abstract
RÉSUMÉLe «clair» et le «distinct» comptent parmi les concepts les plus importants de la théorie cartésienne de la connaissance. Il n'est pas étonnant dès lors qu'il se soit trouvé quelques divergences quant à la façon dont ces concepts doivent être compris. Mais jusqu'à tout récemment, les chercheurs ne se sont guère attardés sur ces divergences, alors pourtant que certaines d'entre elles sont fort remarquables. Ainsi certaines interprétations de la théorie soutiennent que le fait de contraindre la volonté est la marque des idées claires et distinctes, tandis que cela est rejeté par d'autres. Certaines encore soutiennent que le clair et le distinct sont susceptibles de degrés, tandis que d'autres ne sont pas d'accord. Mon objectif dans cet article est d'esquisser une théorie générale capable de rendre compte, dans ces cas comme dans un certain nombre d'autres, de cette variété d'interprétations du clair et du distinct qui est enracinée dans le corpus cartésien même. J'appelle cette théorie «générale» dans la mesure où les diverses interprétations évoquées sont par rapport à elle comme des espèces par rapport à un genre. Ma reconstruction de la théorie générale trouve son appui textuel dans l'ensemble du corpus cartésien. Le gros de mes efforts, cependant, consiste à retracer la théorie dans un texte qui fut l'un des premiers écrits de Descartes : les Régies pour la direction de l'esprit.