Abstract
Comment une phénoménologie de la vie est-elle possible? Telle est la question que Michel Henry pose à l’égard de sa propre démarche, au moment où celle-ci rencontre l’aporie qu’elle avait elle-même suscitée à travers sa critique de la pensée, c’est-à-dire, aussi et surtout, à travers sa critique du voir de l’intentionnalité. En effet, si la vie est par essence invisible, elle doit se dérober à toute vue et, ainsi, à tout discours qui prétendrait la saisir. Or, c’est là justement ce que prétend faire une phénoménologie de la vie en tant qu’elle est philosophie et “qu’un ouvrage de philosophie n’est autre qu’une série d’intuitions ou d’évidences se voulant liées selon des enchaînements nécessaires et formulées dans des propositions dont la donation – la lecture ou l’écriture – demande elle-même au voir, au Logos grec, sa possibilité.” Il s’agit évidemment d’un problème essentiel, puisque c’est par la réponse qui lui sera donnée que seront décidés, du même coup, la légitimité et la possibilité de la phénoménologie de la vie elle-même.