Abstract
En 1960, Stanley Milgram s’est demandé si des personnes ordinaires obéiraient à des ordres leur prescrivant de nuire à des innocents, ainsi que de nombreux Allemands l’avaient fait pendant la Shoah. Pour répondre à cette question, il conçut une expérimentation à l’issue de laquelle, à la demande d’une autorité scientifique, 65 % des sujets ont infligé ce qui semblait être des chocs potentiellement létaux à une autre personne atteinte d’une pathologie cardiaque légère. À ce jour, aucune explication de cette découverte ne fait consensus. Trois théories continuent toutefois d’accaparer l’essentiel de l’attention : l’hypothèse de l’incrédulité, l’hypothèse de l’état agentique et l’hypothèse du suivisme engagé. L’objectif de cet article est de présenter un aperçu de la manière dont Milgram a conçu sa procédure de base, puis d’utiliser cette connaissance de la préhistoire de sa découverte comme base pour examiner de manière critique ces trois explications. À la suite de cette revue critique, une théorie moins connue sera présentée, laquelle est corroborée par les résultats originaux de Milgram.