Abstract
On se propose de démontrer que les recherches d’Eschenmayer ont joué un rôle déterminant dans l’émergence puis l’émancipation de la Naturphilosophie de Schelling, et cela même sous deux rapports: d’une part, sur la question de l’importance et de la place de l’étude de la nature dans le système entier de la philosophie; et d’autre part, sur des questions internes à cette étude. Si les travaux d’Eschenmayer ont en effet stimulé ceux de Schelling en ce domaine, ce que manifestent les Ideen de 1797, ils ont aussi progressivement fait mûrir des écarts, comme en témoigne l’article Sur le vrai concept d’une philosophie de la nature de 1801. Pour l’établir, je mets d’abord en évidence la manière différente dont chacun définit son projet de philosophie de la nature. Je montre ensuite qu’ils se nourrissent différemment aussi de la philosophie transcendantale dans leur étude philosophique de la nature. Puis, dans l’explication des différences qualitatives de la matière concrète, je montre comment Schelling s’écarte d’Eschenmayer. Enfin, j’indique la conséquence et l’horizon de toutes ces différences, à savoir cette idée, proprement schellingienne, que la nature doit à elle-même sa productivité, que sa philosophie est donc indépendante – toutes choses qu’Eschenmayer récuse.