Abstract
À la toute fin de l’article « Épicuréisme ou Épicurisme » de l’Encyclopédie, après une adaptation très particulière de l’information qu’il a trouvée dans l’Historia Critica Philosophiae de Brucker, Diderot écrit une brève histoire de l’épicurisme moderne se concluant par cette phrase significative : « en quelque lieu & en quelque tems que ce soit, la secte épicurienne n’a jamais eu plus d’éclat qu’en France, & sur-tout pendant le siecle dernier. » Ma contribution prend prétexte cette affirmation pour essayer de penser ce que signifie, pour Diderot, constituer une secte épicurienne aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il devient alors possible de clarifier ce que sont les modalités du rapport à l’histoire de la philosophie impliquées dans cette affirmation, et le sens que Diderot prête à la filiation et à l’héritages philosophiques. Penser l’épicurisme moderne devient une manière de contester le récit simplificateur d’une modernité qui ne se définirait que par la rupture avec le passé.