Abstract
Résumé Si Lyotard n’a jamais traité explicitement de l’enregistrement musical, il en propose une pensée en creux dans Des dispositifs pulsionnels et L’inhumain. Contrairement à Adorno ou Benjamin, Lyotard n’accuse pas l’enregistrement de faire de la musique une marchandise comme une autre au sein du système capitaliste. C’est la musique classique occidentale elle-même qui est intrinsèquement mécanique et capitaliste, l’enregistrement ne faisant que renforcer ce processus fondamental, à l’œuvre plus particulièrement dans la « nouvelle musique » de Schoenberg. Mais la loi des séries n’est pas le fin mot de la musique. La plus classique des sonates est toujours postmoderne, en ce qu’un événement sonore inaudible y est présent à travers l’audible, en ce qu’à travers les variations incessantes un thème fondamental toujours absent est présent. Toute musique entendue n’est que l’enregistrement d’un tel événement. Loin de voir dans l’enregistrement musical un accident de la musique, Lyotard pense donc essentiellement la musique comme un enregistrement.