Abstract
L’opéra n’est pas seulement un genre musical, mais un genre fictionnel ayant ses spécificités. Le contraste entre récitatif (ou chant ordinaire) et grand air permet des effets de focalisation psychologique. Le chant à plusieurs voix permet de montrer l’insertion des actions individuelles dans une grande action collective transcendant chaque personnage isolé. La présence presque continue de la musique orchestrale permet de souligner le rôle de forces métaphysiques dans le récit. Il est donc incontestable que le chant et la musique participent de la narration opératique. Il faut toutefois les traiter de manière différenciée : seul le chant est une vérité fictionnelle, tandis que la musique orchestrale n’est qu’un étai imaginatif sans vérité fictionnelle. Par conséquent, l’opéra est bien l’imitation théâtrale d’une action particulière où les personnages parlent en chantant, et non la narration musicale d’une action par quelque compositeur implicite.