Abstract
Malebranche interroge le mystère de l’Incarnation par un biais très particulier, celui de « l’in-animation » de Dieu. En s’incarnant, Dieu se dote en effet d’une âme et pas seulement d’un corps. Or, dès lors qu’il est pourvu d’une âme humaine, le Christ en éprouve les limitations. Certes, celles-ci sont consenties et illustrent la volonté d’endosser véritablement la condition humaine, mais elles ont des conséquences surprenantes. Elles expliquent en dernier ressort le nombre important des hommes qui n’entreront pas dans le temple céleste, puisque le Christ le construit au moyen de son âme qui pense de manière finie. On arrive ainsi au paradoxe d’un Dieu qui s’incarne pour sauver les hommes et que cette opération rend impuissant à le faire. L’obscurité de l’âme christique joue donc un rôle central dans la théodicée malebranchiste.