Abstract
La critique dont a été l’objet de la part d’Arnauld la proposition de Malebranche les plaisirs des sens rendent heureux a été à l’origine d’une longue argumentation de Bayle afin de démontrer, contre Arnauld, que la propriété de « rendre heureux » attribuée par Malebranche aux plaisirs sensibles a pour fondement leur spiritualité : les plaisirs des sens ne sont pas matériels. Cet article examine la manière dont Bayle parvient à ruiner la catégorisation des plaisirs en corporels et intellectuels, ou sensuels et spirituels, en combinant deux stratégies : l’utilisation du principe épicurien le bonheur est le plaisir comme d’un critère pour prouver la vérité de la proposition de Malebranche, et l’utilisation de l’absence d’intentionnalité des sensations selon Malebranche comme confirmation de la nature purement psychique du plaisir chez Epicure.