Abstract
Dans sa correspondance avec Descartes (1648-1649), Henry More cherche à amener l’auteur des Principia philosophiae à expliciter en une thèse infinitiste sur l’étendue matérielle la formule équivoque de mundus indefinite extensus dans l’article II.21. Les lettres de More, développant une indication rapidement esquissée dans son poème Democritus Platonissans (1646), font de l’infinitisme la condition nécessaire de la cohérence interne de la doctrine physique des Principia. Sans cela, l’hypothèse cosmologique des tourbillons dans Principia III entrerait en contradiction avec les principes des choses matérielles dans Principia II. More associe en outre une exigence logique, relative à la définition du corps, à cette exigence physique. Le corps ne doit plus être défini comme substance étendue. Or, en subordonnant la philosophie naturelle des Principia à une ontologie générale selon laquelle une étendue non matérielle est la propriété de toute substance en tant que substance, les lettres de More à Descartes représentent surtout une étape-charnière dans la pneumatologie de More. La correspondance de 1648-1649 marque un début d’abandon du modèle « holenmérien » de l’étendue spirituelle adopté dans les poèmes philosophiques des années 1640. Au moyen de sa lecture des Principia, More opère un premier retour critique sur sa doctrine des substances immatérielles.