Abstract
Dans le septième livre des Politiques, Aristote défend la thèse selon laquelle le recours à l’avortement devrait être interdit dès lors que l’embryon a acquis sensation et vie vu que dépassé ce stade de la gestation, l’avortement constitue un acte impie ( mè hosion ). Le présent article se propose d’examiner cette position défavorable du Stagirite en matière de pratique abortive. Pour ce faire, sera reconstitué dans un premier temps, pour l’essentiel à partir de ses œuvres biologiques, le statut que le philosophe confère à la vie de l’embryon humain, afin de dégager dans un second temps la condition l’autorisant à inclure l’avortement parmi les actes impies. Compte tenu du fait qu’à l’âge classique la pratique de l’avortement ne faisait pas partie des interdictions écrites ou non écrites, la visée en arrière-plan de cet article consiste à mettre en lumière que l’intégration de l’avortement parmi les actes impies signale une tentative d’Aristote de redéfinition du statut social de l’avortement basée sur sa théorie biologique.