Abstract
Dans les pages qui suivent nous examinons comment Descartes discute la thèse d'une pensée permanente, continue et actuelle représentée par les expressions cogito et sum cogitans. Notre enquête concernera seulement l'argumentation mise en oeuvre pour démontrer cette continuité et cette actualité. En reprenant, dans un premier temps, le raisonnement qui conduit à ces expressions, puis en raisonnant sur chacune d'elles, il nous semble que la continuité de la pensée subit une interruption: aussi bien au moment où l'esprit - libéré des opinions douteuses ou trompeuses, ou encore les ayant laissées de côté - accède aux idées vraies que sous l'effet de la succession des idées. Dans les deux cas, nous avons trouvé une espèce de césure qui aurait dû empêcher le philosophe d'écrire « cogito » ou « sum cogitans », c'est-à-dire une forme verbale indiquant une action actuelle et continue.