Abstract
Appartenant au genre traditionnel de la typologie des nations, l’image de l’Espagnol mélancolique constitue un topos culturel vivace, qui se manifeste avec une remarquable continuité depuis le Siècle d’Or espagnol. Attribué par les étrangers – notamment par les Français – ce cliché est aussi revendiqué et développé par les auteurs espagnols eux-mêmes. Il devient dès lors nécessaire de s’interroger sur la persistance de ce topos à travers les siècles ainsi que d’examiner comment – et pourquoi – les Espagnols ont adhéré à l’image que l’extérieur et la caractérologie des nations ont donnée d’eux. L’examen des occurrences de ce topos a pour but de cerner son fonctionnement, de déterminer les représentations – parfois antagoniques – qu’il convoque dans le texte et les enjeux qu’il implique. L’image de l’Espagnol mélancolique constitue une représentation profondément subjective qui engage un travail complexe de l’imaginaire: elle met en jeu la représentation de l’altérité et la conscience que chaque nation a de soi, révélant beaucoup du sujet qui la produit.