Abstract
RésuméLe modèle complexe de Mercure dans le De revolutionibus de Copernic est virtuellement identique, géométriquement, à celui d'Ibn al-Šāṭir. Cependant, le modèle, antérieur, du Commentariolus est différent et il fonctionne mal. Certains en ont déduit que le jeune Copernic n'avait pas compris le modèle de son pré- décesseur; d'autres ont affirmé que l'œuvre de Copernic était totallement indépendante d'Ibn al-Šāṭir. Nous soutenons que Copernic avait les modèles d'Ibn al-Šāṭir mais qu'il a dû les modifier pour les rendre “quasi-homocentriques” dans le Commentariolus. Cette modification et le passage d'une cosmologie géocentrique à une cosmologie héliocentrique étaient rendus aisés par le “biais héliocentrique” des modèles d'Ibn al-Šāṭir, pour qui la Terre était le centre effectif du mouvement moyen, contrairement à Ptolémée et à la plupart des astronomes islamiques. Nous montrons que : 1) Ibn al-Šāṭir a cherché à reproduire les élongations critiques à ±120° de l'apogée, mais il a changé les valeurs ptoléméennes à 0, ±90 et 180° ; 2) dans le Commentariolus, Copernic n'essaie pas de reproduire des élongations viables pour Mercure;et 3) au moment de la rédaction du De revolutionibus, Copernic contrôle pleinement le modèle de Mercure et il est capable de reproduire les élongations de Ptolémée aux points critiques. Nous soutenons aussi que les arguments concernant des solutions “naturelles” qui excluent la transmission sont niés par l’évidence historique.