Abstract
Al-Fārābī's lost commentary on Aristotle's Ethica Nicomachea is without doubt one of the most sorely missed lost works of the Islamic falāsifa. In part, this is because the commentary was in some respects a scandal, and scholars accordingly believe it may hold the key to resolving present-day disagreements on how to interpret al-Fārābī's views as expressed in his independent treatises. Perhaps al-Fārābī's most shocking or scandalous statement is that preserved by the Hispano-Muslim philosophers Ibn Bājja, Ibn Ṭufayl, and Ibn Rushd. According to them al-Fārābī says in his commentary on Aristotle's Ethica Nicomachea that happiness is to be achieved only in this life, not in the afterlife; that there is no happiness but political happiness; and that union with the active intellect – generally considered the highest goal of human existence by the philosophers – is impossible. This paper addresses the following questions: What exactly is the debate about? Why is the question of immortality or conjunction related to Aristotle's Ethica Nicomachea? And why was it so controversial to say, in the context of the Ethica Nicomachea, that there is no happiness but political happiness? Although the bulk of al-Fārābī's commentary is still lost, I have discovered two quotations of it in Hebrew manuscripts. As I will argue in this paper, these newly-discovered quotations – which are included with an English translation in the appendix – can shed light on the mysteries concerning al-Fārābī's commentary. Résumé Le commentaire perdu d'al-Fārābī à l’ Ethique à Nicomaque d'Aristote est sans conteste, parmi les ouvrages perdus de philosophes islamiques, l'un de ceux dont on regrette le plus l'absence. Cela s'explique notamment par le caractère à certains égards scandaleux de ce commentaire, dont les spécialistes attendent dès lors qu'il recèle la clé pour résoudre les désaccords actuels quant à l'interprétation à donner aux idées formulées par cet auteur dans ses traités personnels. La thèse peut-être la plus choquante ou scandaleuse d'al-Fārābī est celle qui est préservée par les philosophes hispano-islamiques Ibn Bājja, Ibn Ṭufayl et Ibn Rushd: selon eux, il affirme, dans son commentaire à l’ Ethique à Nicomaque, que le bonheur ne saurait se réaliser qu'en cette vie et non dans l'au-delà, qu'il n'y a pas de bonheur autre que le bonheur politique, et que l'union à l'intellect agent – généralement tenue par les philosophes pour être la fin suprême de l'existence humaine – est impossible. Cet article traite les questions suivantes: quel est exactement l'enjeu de ce débat? Pourquoi les questions de l'immortalité et de la conjonction sont-elles liées à l’ Ethique à Nicomaque? Et en quoi était-il si problématique d'affirmer, en référence à cette œuvre, qu'il n'y a pas de bonheur autre que le bonheur politique? Même si le corps du commentaire d'al-Fārābī est encore perdu, j'en ai découvert deux citations dans des manuscrits hébreux. Comme je le soutiens ici, ces citations récemment découvertes – données dans l'appendice avec leur traduction anglaise – font un peu de lumière sur les mystères du commentaire d'al-Fārābī.