Abstract
Le préambule de l'édit de Tiberius Julius Alexander inscrit sur les piliers du temple d'Hibis de l'oasis d'El Khargeh est exceptionnel à plus d'un titre : par sa longueur, par la complexité et la précision de son cadre idéologique associant empereur et gouverneur dans le gouvernement de l'Egypte, mais aussi par la difficulté qu'il y a à l'insérer, lui et son projet, dans la chronologie heurtée du début de l'année 68. L'examen de la forme diplomatique démontre qu'il s'agit d'un édit préparé de longue date, la tâche essentielle dévolue par Néron au gouverneur de cette province qu'il devait visiter, et qui a été promulgué le 6 juillet 68 dans l'ignorance des événements romains. Sitôt annoncées et confirmées les nouvelles de la mort de Néron et de l'accession de Galba, le texte de l'édit et du préambule a été repris à la hâte pour l'adapter au programme du nouveau régime. Il faut donc considérer cet «édit de restauration d'Alexandrie et de l'Egypte» dans le droit fil des ordonnances philanthropiques hellénistiques, comme un édit néronien. En appendice, sont étudiés les usages dans la langue de chancellerie de πρόνοιαν ποιεΐσθαι, φροντίς, φροντίζειν et προγράφειν.