Clio 46:111-133 (
2017)
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Abstract
À travers une lecture de la presse périodique comportant des perspectives religieuses diverses, ainsi que des sources et archives diplomatiques, cet article pose la question de l’émergence de la pratique de danse de couple européenne à Téhéran dans la première moitié du xxe siècle. Notre enquête révèle l’existence d’une anxiété nationaliste autour du problème des relations de genre lié à la présence du corps militaire des Alliés qui ont su infiltrer le milieu urbain et la vie sociale iranienne notamment par la pratique de la danse. Par un examen critique des discours sur la performance du genre incorporée par ces pratiques « modernes » de danse de couple a Téhéran, on observe l’importance des liens établis entre la sociabilité du corps dansant, l’érotisme (shahvat), la nudité, la pratique de la prostitution, et la notion d’une modernité « imitée ». En contextualisant la réception de ces danses vis-à-vis de la scène politique iranienne de l’époque on remarque que chacun de ces éléments a servi à l’élaboration d’un discours nationaliste sur les danses de couple qui seront construites et vues par les contemporains comme complices avec des phénomènes du colonialisme et de l’impérialisme menaçant l’esprit de l’Iran et de l’Islam.