Balzac éditeur (
1999)
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Abstract
Le corps connaît au XVIIe siècle de curieuses et paradoxales aventures : soumis, d'un côté, à une critique radicale des sens ou des passions qui tend à le disqualifier, il se retrouve, par ailleurs, disséminé dans de multiples discours, des corps célestes aux corps politiques en passant par les débats théologiques sur l'eucharistie ou même par l'expérience spirituelle des mystiques. Tout se passe comme si le corps matériel disparaissait d'autant mieux de la vie publique qu'il pouvait y revenir comme figure de discours. Cela implique que l'on fasse silence sur lui pour mieux lui permettre d'exprimer des états de chose et de faire impression sur les êtres : le corps a pour charge de rendre visibles les signes. Les ouvrages littéraires forment un corpus exemplaire pour analyser ces nouvelles productions historiques dans la mesure où ils ne permettent pas seulement de rendre les signes visibles, mais encore de manifester la visibilité même des pratiques de signification, au point que ce silence commande jusqu'à l'idée de " littérature " qui se met en place à l'époque. De la préciosité à la galanterie, de Mademoiselle de Scudéry à Madame de Lafayette, de Molière jusqu'à Sade se jouent simultanément le destin du " littéraire " et les pouvoirs secrets du corps.