Abstract
Nous publions, en ouverture de ce numéro d’Etudes Ricœuriennes / Ricoeur Studies, un article de Paul Ricœur intitulé « Architecture et narrativité ». Ce texte est la reprise d’une communication délivrée à Paris en 1996 sous le titre: « De la mémoire ». Desti-née au Groupe de réflexion des architectes, cette rencontre était organisée par la Di-rection de l’Architecture et du Patrimoine – rattachée aujourd’hui à la Direction géné-rale des patrimoines. Le texte fut publié en 1998 dans la revue Urbanisme. Si l’architecture n’est pas habituellement un objet d’étude de Ricœur, le philosophe l’a néanmoins souvent intégrée à une pensée qui s’est elle-même définie comme anthro-pologie philosophique en élaborant une herméneutique de la voie longue. Ricœur a pu notamment situer l’architecture, dans Histoire et vérité, soit comme un « “monde” in-séré dans le monde », soit comme un mode de « l’incorporation » des « images de l’homme qui font toute la réalité de la culture ». La période qui s’étale de Temps et ré-cit (1983- 1985) à La mémoire, l’histoire, l’oubli (2000) ne cesse de développer la phi-losophie du récit, et étend même l’usage de concepts nés dans un premier contexte à d’autres domaines de la pensée. Le présent article peut être placé dans ce cadre. L’architecture est un domaine qui, d’une manière générale, sort du domaine des thé-matiques explicitement étudiées par le philosophe. Or, et c’est ce qui fait l’intérêt de ce texte, Ricœur propose d’appliquer à l’architecture le paradigme élaboré dans Temps et récit.