Abstract
Cet article sonde l’échologie politique des fantômes dans l’archipel de Hong Kong. Dans cet archipel densément peuplé, les fantômes ( gwai 鬼) collent au territoire et participent à un processus de dé/ valorisation du marché immobilier. J’emprunte au géographe culturel Arun Saldanha la notion de « viscosité » avec laquelle je croise une approche issue de l’écologie des médias pour avancer l’idée selon laquelle la viralité des fantômes est indissociable des pratiques médiatiques d’explorateurs·rices urbain·es qui captent et relaient par leurs dispositifs technologiques l’écho de ces fantômes dans la caisse de résonance que sont les réseaux sociaux. Cette viscosité revêt néanmoins un potentiel politique dans la mesure où la médiatisation des fantômes (des spectres au carré, donc), participent directement d’une intervention politique au milieu. Celle-ci passe par la réappropriation de moyens de perception par lesquels les explorateurs·rices urbain·es rendent perceptible le processus de spectralisation de la ville. J’appréhende ici les explorations urbaines comme des manières de se réapproprier un archipel perçu par certain·es de ses habitant·es comme étant en passe de devenir une île fantôme.