Abstract
Peu d'oeuvres souffrent autant que celles de Rousseau et Sartre de la réputation qui leur est faite. Prix de leur accessibilité peut-être, de l'ampleur des controverses auxquelles elles ont donné lieu, elles sem-blent irrémédiablement marquées l'une et l'autre par quelques formules censées en résumer la substance: errant seul dans les bois, Rousseau serait le champion d'un homme sauvage et bon qu'il opposerait à toutes les manifestations de la vie sociale; assis seul dans les cafés, Sartre affirmerait, de son côté, l'échec douloureux de tout rapport interpersonnel—et leurs oeuvres réspectives developperaient cette position centrale. Simplifications sans doute. Malgré tout, il n'est peut-être pas inutile d'interroger le fait qu'on ait surtout retenucelad'oeuvres si riches, particulièrement en regard de leurs nombreux textes politiques, en tentant d'envisager ces oeuvres moins à travers l'une ou l'autre de leurs théses que selon des lignes de force plus génerales sur ce problème de l'existence sociale. Ceci peut permettre, croyons-nous, quelques mises en rapport suggestives.