Abstract
La réception de la théologie politique schmittienne a été différente en Allemagne et en Italie, en particulier dans le groupe de philosophes connu sous le nom de « l’École de Ritter » et chez les postmarxistes italiens issus de l’opéraïsme, dans les années 1970 et 1980. Cet article examine cette réception philosophiquement et politiquement contrastée. Il expose aussi les emprunts essentiels que les philosophes italiens comme Tronti, Marramao ou Esposito ont faits à leurs collègues allemands. Alors qu’outre-rhin l’École de Ritter interprète la théologie politique schmittienne comme une simple enquête généalogique et considère que la dépolitisation de la religion est l’un des pricipaux acquis des Lumières, aux philosophes italiens cette dépolitisation semble en partie un mythe politique. Les uns se tournent vers le paradigme du droit naturel ou de la religion civile, les autres engagent une réflexion métapolitique qui souligne le lien entre théologie politique et philosophie politique.