Abstract
Le large sujet annoncé par le titre de ce livre laisse entendre, pour qui fréquente un peu la philosophie médiévale, que nous allons être informés des vues les plus récentes sur ce problème que posent les textes philosophiques médiévaux, dont on ne dispose souvent pas d’éditions scientifiques, dont l’édition scientifique ellemême pose problème, textes qui appartiennent à une épistèmè si radicalement différente de la nôtre qu’il est légitime de penser que toute interprétation contemporaine va irrémédiablement en escamoter un caractère essentiel. Ce qui pose, on le devine, le problème de la possibilité de la traduction. Éditer, c’est déjà interpréter. Traduire aussi. N’en déplaise aux éditeurs, l’interprétation est toujours première. Interpréter, éditer, traduire, d’Étienne Gilson à Lambert-Marie de Rijk, de Lambert-Marie De Rijk à Alain de Libera et Claude Panaccio ces questions sont au cœur de l’activité de l’historien de la philosophie médiévale. Cette problématique essentielle n’est, nous le concédons, pas absente de l’ouvrage. J. Brams, C. Burnett, et dans une moindre mesure J. Decorte y font écho. Hélas, en nous laissant une impression de déjà lu. Cette constatation nous mène au cœur du malaise que provoque cet ouvrage. Le lecteur pressé risque de ne pas s’attarder sur les deux pages et dix lignes qui constituent la préface maladroite du livre et de garder ainsi l’impression d’avoir entre les mains les actes d’un colloque scientifique. Qu’il se détrompe! Les textes réunis ici ont été lus à Louvain-la-Neuve lors d’un séminaire de troisième cycle devant une poignée d’étudiants. Autant dire que la plupart des collaborateurs se sont contentés, comme de juste, d’exposer les résultats de travaux déjà anciens. Mais quel est l’intérêt de publier ces textes?