Abstract
Cet article analyse les temporalités spécifiques de l’activité journalistique dans la médiatisation de la mort des célébrités. Il s’agit de saisir les facteurs, liés à des logiques professionnelles et médiatiques, qui déterminent les rythmes de l’information lors de la couverture du décès d’un personnage public. Nous nous appuyons pour cela sur l’analyse quantitative et qualitative d’un corpus de 24 459 titres et « chapeaux » sur des personnages publics décédés, correspondant à l’ensemble des annonces de décès de l’année 2012 repérées dans la base transmédia OTMedia. L’étude de la circulation transmédiatique de l’annonce de ces décès permet de saisir les modalités temporelles du déploiement de l’événement-décès, entre la télévision, la radio, la presse en ligne et le Web. Nous distinguons deux opérations, relativement séparables dans le temps, qui gouvernent les rythmes de mort. La première opération renvoie à la valeur supposément intrinsèque de l’information : il relève d’un travail, inhérent à tout média, de gatekeeping, dictant la sélection des personnes dont il convient de signaler la disparition. La seconde opération renvoie à la valorisation de la nouvelle à travers un séquençage type relatif au potentiel symbolique et narratif des faits relatés. Nous défendons que les controverses sur la vie et la mort d’une personnalité sont les carburants les plus efficients de la couverture nécrologique.