Abstract
Selon Nietzsche tous les systèmes démocratiques et socialistes sont des systèmes chrétiens. C'est à dire, qu'ils ont adopté l'égalité du christianisme ; une égalité des âmes (devant Dieu). C'était l'apôtre Paul qui déformait les paroles de Jésus jusqu'à un système pour mobiliser les masses. Cette égalité venait de la chute par le péché, parce qu'à ce moment-là tous les hommes étaient devenus égaux. D'après Nietzsche le christianisme est un système métaphysique, et le Dieu de ce christianisme une chimère, une garantie de l'égalité des âmes. Le christianisme a remplacé l'inégalité réelle par une égalité imaginaire. Mais maintenant ce Dieu de l'église est mort, et avec lui la perspective sur le ciel (le royaume des deux) est disparue. Dieu est mort, mais le christianisme lui-même est encore vivant. C'est à dire dans une forme sécularisée : dans les systèmes démocratiques et socialistes, parce que ce sont des systèmes égalitaires. Dieu a été remplacé par la volonté du peuple ou l'état, les nouvelles garanties de l'égalité. Et ce christianisme sécularisé ne reconnaît pas d'exceptions. La collectivité est tout, l'individu en revanche n'est rien. La démocratie et le socialisme veulent discipliner -comme d'abord le christianisme -le genre humain à une morale d'unité. Nietzsche en revanche défend un retour à la nature ; il reconnaît une inégalité naturelle entre les hommes. Il oppose la biologie à l'idéologie, la nature à la métaphysique. Naturellement l'homme est égoïste, puisque la vie est ‘Wille zur Macht’. L'égo de l'homme est le centre du monde, toutes les choses tournent autour de lui. L'homme est essentiellement autonome, il est lui-même la norme. ‘Devenir un individu’ c'est sa tâche (cf. Kierkegaard). Sa philosophie et surtout son anthropologie émanent de l'individu. Mais naturellement ce point de départ a ses conséquences : Nietzsche refuse chaque forme d'altruisme, parce que l'altruisme est une conséquence immédiate du christianisme. Le christianisme oblige à l'altruisme, donc l'altruisme est une part de la discipline chrétienne. Comte et Spencer donnent priorité à la communauté sur l'individu : l'autre devient la norme de mon agir. Et c'est la même chose qu'a fait le christianisme : l'égo a été remplacé par l'autre (la commune ou l'état). Ce dernier est le plus important de ces deux. Nietzsche en revanche défend les droits de l'individu contre l'état collectif des socialistes. Leur état est une nouvelle idole qu'on doit adorer. L'état (la volonté du peuple ou la communauté) est tout et c'est lui qui détermine l'individu. Il est l'incarnation de l'égalité chrétienne, donc contre nature. Les socialistes veulent tant d'états que possible, Nietzsche en revanche aussi peu d'états que possible. Voilà la différence; Nietzsche déteste chaque collectivisme et chaque morale collectiviste, il est anticollectiviste