Abstract
Vu les conséquences des examens sur les compétences en langue, on doit s’assurer de la fiabilité des épreuves par des accords inter-juge. Toutefois cette technique ne détecte pas des biais partagés par un groupe de juges, par exemple, des biais collectifs motivés par des stéréotypes ethniques. Trois étudiantes – syrienne, taïwanaise, brésilienne – ont été enregistrées en lisant un texte en français comportant neuf erreurs grammaticales. Les enregistrements ont été évalués par 343 étudiants natifs du français, à qui on a demandé de relever les erreurs et de noter la compétence générale en français. Les juges qui pensent que la première locutrice est « arabe » la jugent différemment de ceux qui lui attribuent une autre origine. À partir d’une appartenance ethnique perçue, des stéréotypes et des représentations sociales seraient donc mobilisés et ils modifieraient l’appréciation de la maîtrise d’une langue étrangère par des juges non formés.